今年冬天會很冷
其實,只要你開口,我會留下的。
一切都太晚了。
人的一生只有一個早上。時間是停不下來的。 只有第一個早上是唯一真正的早上。中午比早上晚,晚上比中午晚,下個早上又比這個晚上晚。第一個早上過去後,其它的早上都是騙人的早上,都只是晚上,一個又一個晚上,已經很晚了,就只會更晚。 人只能一步步邁向死亡,一步步離開第一個早上,第一個春天,離很遠了,會越來越遠,越來越晚。
什麼都留不住的,什麼都留不下的。
一切都太晚了,一切都只會更晚。
已經很冷了,他們說還會更冷,今年冬天會很冷。 才過了一個太熱的夏天,他們說明年夏天會更熱。 怎麼會這樣呢!人都想追求更好,都只會要求更多。可是才經歷一次美好,不,還沒經歷夠,美好就不復存在了,追也追不到,追到的總不夠好,一次比一次糟。人註定要花更多氣力去追求,可是連得到的不夠好都越來越少。越來越多的,都是厭惡的。那越來越不饒人的歲月,一根又一根白髮,有時還來不急變白就掉了,越掉越多,光禿禿的,遮也遮不住,那一灘油,還有那只會越來越多的斑點皺紋,密密麻麻,有著數不清數不盡污點折痕的人生。
其實,再冷的冬,再熱的夏,只要你開口,我都留下陪你過。
我知道,你不會開口的;你知道,我不會留下的。
我知道你知道;你知道我知道。 我們之間是分號,不是要相連的逗號,也不是完全的句點。 從生命開始的那一刻,我就一直在離開。沒有任何一刻是留得住的,我註定踩在時間的輪上,不停地走,不停地轉。有時候,我走的好累,真的好累;有時候,我忘了我在走,我以為可以好好留下來,跟他們一起尋找他們以為可以留下的東西。但你放心,我知道的,只有知道自己只能不停地走,知道沒什麼是可以留下,才會走得有意義,才有可能在一個輪子踩完後,不去踩另一個輪子,才能到一個沒有輪子的地方。
曾經,我們一起走了一段路,可是走著走著,在某個路口,一轉身,你不見了。
是你離開我,還是我離開你? 你不見了,是什麼時候不見的?一直在離開的我看著路面的痕跡,我發現也許你從未同我一起走。 我們只是在某個十字路口相遇,兩個輪子的交錯點就那麼一小點,我們一起走只是交錯後的錯覺。 如果這是真的,一切都是我的錯覺,那麼就根本沒有我以為的離開。 我們不曾離開過,如我們不曾一起走過。
我們其實早就相遇了,也早就告別了。
你想留我,我想你留我,都只是我們在河流兩岸的相同思念。
我忘了說,人的一生也只有一個的夜晚,就是那最後一夜。
當我們走到不能再走,沒有更晚了,才知道往前看,看到的不一定是後天,往後看,看到的也不一定是前天。生命就是這樣,既然最後一夜一定會來,那麼每一天都只是昨天,明天從來沒存在過,明天都是騙人的。難道要走到最後一夜才能明白:早上晚上,前天後天都是他們說的,自己看到的不一樣;自己看到的只能自己看到。
今年冬天會很冷是以為留在這裡的他們說的。我一直在離開,我已經離開了。
我終將走到最後一夜。我終於可以真正睡著。在最後一夜結束時,沒有之前也沒有之後,沒有早也沒有晚,我忘了你也忘了我,因為我們在一起了,沒有我也沒有你了。我終於可以好好地睡,如同風終於知道自己只是空氣,不再吹了。
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L'hiver sera très froid
Si tu me demandes, je resterai.
Tout est déjà trop tard.
Une vie n'a qu'un matin. Le temps ne s'arrête jamais. Le premier matin est le seul matin authentique. Midi, il est déjà plus tard que le matin, le soir est plus tard que midi. Le prochain matin est encore plus tard que le dernier soir. Après le premier matin, tous les matins ne sont que des matins trompeurs. Il n'y a que des soirs, encore et encore des soirs. Il est déjà trop tard, plus tard il sera plus tard que trop tard. On ne peut que s'approcher malgré tout de la mort ; on s'éloigne malgré nous du premier matin. Il est déjà très loin, il va être encore de plus en plus loin, de plus en plus tard. Rien ne s'arrête. Rien ne reste.
Tout est déjà trop tard, plus tard il sera encore plus tard que trop tard.
Il fait déjà très froid, ils disent qu'il fera encore plus froid, l'hiver sera très froid. Un trop chaud été vient de passer, ils disent que le prochain sera encore plus chaud. Pourquoi en est-il ainsi ! On cherche toujours mieux, on veut sans cesse de plus en plus de plus. Mais, on vient de vivre à peine quelque chose de beau, non, ce n'est même pas assez vécu, ce quelque chose de beau n'existe plus, il ne se rattrape plus. Ce qu'il y a de plus en plus est toujours désagréable. L'âge de plus en plus lourd, les cheveux de plus en plus pâles, parfois ils n'ont même pas le temps de vieillir, et tombent déjà, de plus en plus, on ne peut plus cacher, toute chauve, cette couche de graisse. Encore y a-t-il ces taches et ces rides, de plus en plus encombrantes, jusqu'à ce qu'on n'en puisse plus, cette vie définie de salissures et froissures infinies.
Si tu me demandais, quel que soit le temps, je t'accompagnerais.
Je sais que tu ne demandes jamais ; tu sais que je ne reste jamais.
Je sais que tu sais ; tu sais que je sais. Entre nous c'est un point-virgule, ni une virgule, ni un point. Depuis le commencement de ma vie, je ne me suis jamais arrêté. Aucun moment ne peut être arrêté, je suis destiné à marcher sans cesse sur la roue du temps. De temps en temps, la marche me fatigue, elle me fatigue malgré elle ; de temps en temps, j'oublie que je marche, je crois que je puis m'arrêter, et chercher avec eux ce qu'ils croient pouvoir être arrêté. Or, rassure-toi, je sais que cette marche sans arrêt doit se faire consciemment, que rien ne s'attrape. Ainsi la marche aurait-elle un sens. Ainsi pourrais-je, après avoir fini cette roue, n'en recommencer une autre. J'arriverais enfin là, où il n'y a plus de roue, plus de frontière.
Jadis, nous avons marché ensemble pendant quelque temps. Mais quelque part, tout en marchant, je ne te trouvais plus. C'est toi qui m'as quitté ou c'est moi qui t'ai quitté?
Tu es disparu, depuis quand as-tu disparu? Tout en marchant, j'observe les traces, il est possible que nous n'ayons jamais marché ensemble. Nous nous sommes certainement croisés quelque part, pourtant la coïncidence entre deux roues n'était qu'un petit point. Notre marche n'était qu'une illusion créée de cette coïncidence. Tout est illusion.
Il y a longtemps que nous nous sommes rencontrés, et nous nous sommes séparés il y a longtemps.
Tu veux que je reste, je veux que tu le demandes ; ce n'est qu'une pensée séparée par un fleuve.
J'ai oublié de dire : une vie, elle aussi, n'a qu'une seule nuit, c'est la dernière nuit.
Ainsi marche-t-on jusqu'à ce qu'on n'en puisse plus, ce qu'il n'y ait plus de plus tard, que tous les plus comparatif, superlatif, substantif soient arrêtés par un simple plus négatif. Là, on saurait que lorsqu'on avance, ce qu'on voit n'est pas forcément les jours d'après. Lorsqu'on se retourne, ce qu'on voit n'est pas forcément les jours d'avant. Ainsi est la vie : puisque la dernière nuit arrive après tout, il n'y a que des jours précédents. Tout est hier, demain n'existe jamais. Faudrait-il attendre jusqu'à la dernière nuit pour comprendre que matin, soir, hier, demain, ILS nous les ont imposés. Ce que nous découvrons est différent ; ce que je découvre ne peut être vu que par moi-même.
L'hiver sera très froid, ce sont eux qui, pensant rester, le disent. Je ne reste jamais, je suis parti, je pars encore.
J'arriverai enfin à la dernière nuit. Je pourrai enfin m'endormir. A la fin de cette nuit, il n'y aura ni avant ni après, ni tôt ni tard. Je m'oublierai comme je t'oublierai, car nous serons ensemble, il n'y aura ni toi ni moi. Je dormirai enfin sans pesanteur, comme le vent, s'apercevant qu'il n'est que l'air, ne souffle plus.
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